Peut-on destituer le pape

Que dit le droit canon
Des manifestants ont réclamé la destitution du pape Benoit XVI. Est-ce seulement possible, conformément aux lois qui régissent l’institution

Selon le droit canon, le pape "possède dans l'Église, en vertu de sa charge, le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu'il peut toujours exercer librement" (canon 333).
Il est précisé au canon 1404 que le "premier Siège n'est jugé par personne", et qu’en cas de violation de cette règle "les actes et les décisions sont tenus pour nuls et non avenus".
Le droit canon ne prévoit donc pas la possibilité de destituer le pape

Il ne prévoit pas non plus de démission en tant que telle. Car, explique Odon Vallet, historien des religions, "le pape est élu par les cardinaux, c’est une manifestation du Saint-Esprit, il n’est donc pas question qu’il remette sa démission dans les mains de qui que ce soit"

Que se passe-t-il en cas de maladie grave

En cas de maladie grave empêchant le pape d’exercer son ministère, il est prévu que le pape puisse renoncer à sa charge. Ce recours a par exemple été évoqué peu avant la fin du pontificat de Jean-Paul II, qui souffrait depuis le milieu des années 1990 de la maladie de Parkinson.
L’article 332 du droit canon précise qu’"il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu'elle soit dûment manifestée", afin d’éviter qu’elle soit le résultat d’une quelconque pression. Dans le passé, celles des dirigeants européens étaient choses courantes. L’empereur Napoléon Ier a, notamment, gardé prisonnier le pape Pie VII pendant deux ans au château de Fontainebleau.

Dans l’histoire, un pape a-t-il déjà renoncé à sa charge

En plus de 2 000 ans, seuls deux papes ont renoncé à leurs fonctions. En 1294, Célestin V abandonne sa charge, ne se sentant pas à la hauteur. Il aurait été influencé par son successeur Boniface VIII. Grégoire XII est poussé à renoncer à sa tiare pontificale en 1415 pour mettre fin au grand schisme, lors du concile* de Constance qu’il avait lui-même convoqué. Il le fait par la voix de son légat

Qu’en est-il du dogme de l’infaillibilité pontificale

L’idée communément véhiculée est qu’on ne peut rien reprocher au pape, qui est infaillible. Le concile Vatican I, en 1870, a adopté ce dogme pour mieux asseoir l’autorité de l’Église, et en garantir l’unité. Il affirme ainsi la supériorité du Saint-Père sur le concile. L’infaillibilité ne porte cependant que sur les dogmes qu’il pourrait promulguer et non sur ses opinions ou prises de position. Depuis 1870, l’infaillibilité papale ne s’est appliquée qu’une seule fois, en 1950, lors de l’adoption par le pape Pie XII du dogme de l’Assomption de la Vierge Marie

Que pourrait-il arriver en cas d’une vive pression de la rue

"Au vu de l’histoire pour le moins conflictuelle de l’Église, il semble que si un concile poussait le pape à renoncer à sa charge, il pourrait être obligé de se retirer", estime Odon Vallet, qui fait notamment référence au cas de Grégoire XII cité plus haut.
Cependant sachant que tout concile doit être convoqué par le souverain pontife et que ce dernier doit en ratifier les décisions, la marge de manœuvre est quasi inexistante

En outre, compte tenu du fait que le Pape n’est pas tenu de justifier son renoncement, on peut supposer qu’il choisisse de se retirer pour des raisons autres que la maladie, dans le cas par exemple où, contesté de l’intérieur, il jugerait ne plus être à même de supporter la charge de son poste

*Dans l'Église romaine, le mot "concile" désigne la réunion de l'ensemble des évêques convoqués à Rome. Le pape convoque un concile lorsqu’une réforme est nécessaire et que d’importantes décisions doivent être prises, notamment. Le concile Vatican I a, par exemple, défini l’infaillibilité pontificale. De Vatican II, on retient surtout la modernisation de la liturgie

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