Aide et conditions précaires

Chaque jour, les réfugiés du camp planté devant l'aéroport Toussaint-Louverture de Port-au-Prince, voient passer des dizaines d'avions, venus du monde entier, chargés de nourriture, de médicaments ou de tentes. Mais dans leurs abris de fortune, à quelques centaines de mètres des gros-porteurs, il n'y a presque aucune trace de l'élan de solidarité internationale. Neuf jours après le tremblement de terre, ces sinistrés de la capitale haïtienne dorment toujours à même le sol et le ventre creux. "Je n'arrive pas à comprendre", explique Cancol Milcon, un habitant du camp, membre du Comité secours de Mais Gaité

"Peut-être que les organisations pensent que, parce qu'on est à côté de l'aéroport, on a déjà tout", avance Josselin, son "collègue". "Mais on nous néglige, on n'a presque rien, confirme-t-il. Nous ne sommes même pas à l'abri du soleil ou de la pluie", s'exclame Josselin. "Il y a seulement quatre toilettes dans cette zone, elles sont pleines et on n'a pas nettoyé", ajoute Cancol. Quatre sanitaires pour 3 500 personnes, dont 665 chefs de famille, comptés et recensés dans un petit cahier

NOURRITURE HORS DE PRIX

En se promenant dans les allées poussiéreuses du camp de bric et de broc, Josselin soulève une bâche au ras du sol d'où émergent trois petites têtes souriantes. Vous avez assez à manger ? "Non, on n'a rien", répondent les garçons en chœur. Périodiquement, le vrombissement des avions et des hélicoptères couvre les voix.
Dans la famille de Josselin, il y a sept personnes. Leur tente, minuscule, est réservée pour "les plus petits, les plus fragiles". 

Lui et sa femme dorment dehors. Dans un coin, des adolescents désœuvrés jouent à lancer un bâton dans un panier de basket
En bordure du camp, au-dessus de la route congestionnée de l'aéroport, des femmes vendent quelques oignons, des carottes, des aubergines et des bonbons. Pas une seule trace des denrées estampillées qu'on retrouve dans les camps de réfugiés du monde entier. 
La nourriture est relativement abondante, mais elle est hors de prix. Du riz avec de la sauce de pois, un plat courant qui coûte 50 gourdes (0,65 euro) en temps normal, coûte aujourd'hui 125 gourdes (1,62 euro).
"On n'a pas d'argent", explique Josselin. Quelques banques ont réouvert. Des foules se pressent devant les compagnies de transfert d'argent, grâce auxquelles la diaspora maintient le pays sous perfusion

CAMIONS DE VIVRES REPARTIS PRÉCIPITAMMENT

"Nous avons tous soif et l'aide venant des Etats-Unis n'a pas encore été distribuée", se plaint Jeff Alexis, 22 ans, les yeux pleins de colère. Le jeune homme raconte comment les camions venus distribuer des vivres, la veille, sont repartis précipitamment lorsque les habitants du camp, anxieux, ont tenté de se servir sans attendre la distribution. Lui se dit "bibliophile" et passe le temps en lisant un livre élimé. Il s'en remet "à la volonté de Dieu" et à son père, qui vit au Canada, mais ne "cherche pas à savoir " comment il va
"Ma mère se trouve en France", dit une jeune fille, qui a écrit sur sa main un numéro de portable français. Après le bip d'une messagerie anonyme, elle se laisse aller : "Ma maman, par la grâce de Dieu, je suis saine et sauve.
 Viens me chercher. Ils sont tous morts, je suis toute seule." 
Plus loin, une femme, mains sur les hanches, s'emporte. "J'ai perdu mon enfant. J'ai besoin de nourriture pour mes enfants.". "J'ai faim, j'ai faim", se lamente un homme, en soulevant son tee-shirt
Dans le camp, des employés de la Croix-Rouge espagnole qui distribuent de l'eau sont la seule présence internationale. "Il est assez difficile de voir que toute cette aide arrive pendant qu'eux continuent de vivre dans des conditions précaires", admet Cristina Castillo, une secouriste. "On a encore beaucoup à faire mais on est là, on fait de notre mieux, et on a essayé de faire passer le message" ajoute-t-elle, expliquant qu'il y a "tant de besoins qu'il est difficile d'avoir de l'aide partout".

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